Vous êtiez plusieurs à me réclamer un éditorial depuis un temps certain. Mais que dire qui n’ait pas encore été dit ?
Par ailleurs, je ne voulais pas commencer un éditorial sans qu’un travail sérieux n’ait été fait pour préparer des propositions concrètes.
Notre but est clairement défini dans nos statuts « être à l’écoute et à la rencontre de ceux et celles qui rencontrent des difficultés et pouvant présenter un potentiel intellectuel au-dessus de la moyenne. Délibérément, nous n’utilisons ni le terme "surdoué", qui nous paraît élitiste et duquel nous attendons, inconsciemment, une personnalité, un tempérament, des résultats scolaires à la hauteur du quotient intellectuel, ni le terme "précoce", car nous accueillons des jeunes et des moins jeunes. Jusqu’à quel âge peut-on être précoce ?
Le temps de la réflexion a été long, mais il est une économie de temps (Publius Syrus).
Je disais que nous ne voulions pas être élitistes. Tous ceux et celles qui ont cependant eu l’occasion de fréquenter des personnes à haut potentiel intellectuel savent à quel point ils sont complexes et vivent dans un paradoxe perpétuel: c’est leur première et principale problématique.
Afin de ne pas démentir cette constatation et, pendant mon temps de réflexion et de recherche, le ... hasard a fait que j’ai rencontré Monsieur Clarapède, psychologue et pédagogue, ne se cachant pas d’être justement élitiste. Si sa conception de l’élitisme est la réussite de tous les élèves, je veux bien accepter cette forme d’élitisme.
Que de vérités dans ses discours qui viennent s’inscrire dans l’actualité d’aujourd’hui, celle qui au nom de l’égalité des chances promulgue l’élitisme à la première place, ne serait-ce que par le classement des établissements à la réussite au fameux BAC. Les autres…ma foi, on a besoin de main-d’œuvre !
Qu’elle ne fut ma surprise, de constater que depuis 1911 il déclamait que l’humain était avant tout un vivant qui fonctionnait. Son postulat est que la seule ressource de l’éducation est bien de coïncider avec ce fonctionnement, de devenir alors, au lieu de cette surcharge artificielle, pesante et inefficace qu’elle constitue pour des milliers d’enfants, l’expression naturelle de leur activité et de leur développement.
L’éducation devrait donc être quelque chose de naturel et de plaisant.
Claparède, après s’être interrogé sur l’utilité de l’intelligence globale (dans sa mesure, on désigne souvent sous le nom d’intelligence, le niveau mental, globalement envisagé) a précisément reproché à l’école de ne pas savoir obtenir des intelligences le rendement optimal et de gaspiller le capital intellectuel. Il en veut pour témoignage l’écart entre le succès scolaire et la mesure de l’intelligence.
Et c’est à ce point précis que nous nous rejoignons : Comment se fait-il que seuls 30% des élèves (rapport DELAUBIER commandé par le Ministre de l’Education Nationale) à haut potentiel intellectuel obtiennent leur Baccalauréat ?
Déjà en 1911 (qui oserait encore prétendre qu'il s'agit d'un phénomène de mode ?) il remarque que les meilleures intelligences stagnent à l’école, trop adaptée qu’elle est à la masse des élèves moyens.
« Que la pédagogie doive reposer sur la connaissance de l’enfant comme l’horticulture sur la connaissance des plantes, c’est là une vérité qui semble élémentaire. Elle est pourtant méconnue de la plupart des pédagogues et de presque toutes les autorités scolaires » nous dit-il en…1911. Les choses ne semblent pas avoir changé de nos jours.
« L’enfance a une signification biologique (…) Il faut donc étudier les manifestations naturelles de l’enfant et y conformer l’action éducative. Les méthodes et les programmes gravitant autour de l’enfant, et non plus l’enfant tournant tant bien que mal autour d’un programme arrêté en dehors de lui, telle est la révolution copernicienne à laquelle la psychologie convie l’éducateur ».
Vaste et mégalomane objectif, diront certains, pour une toute jeune association.
J’admets tous les points de vues. Mais surtout j’observe et je constate la souffrance, la perte de vitesse, de motivation, l’échec scolaire immérité, la dépression, certaines conduites addictives de désespoir, des humiliations et parfois même des passages à l’acte de tous ces jeunes laissés sur le bord de la route, parce qu’ils ne rentrent pas dans le moule conçu pour la majorité.
Je m’insurge en apprenant par les médias que cent trois milliards d’euros sont dépensés pour l’éducation nationale (annonce faite par les médias en Avril 2004) alors qu’il y a 5% d’élèves en moins en 2002.
Je m’insurge de savoir que certains enseignants en IUFM, qui réforment le primaire et réorganisent le secondaire sont des «spécialistes de l’éducation» alors qu’ils n’ont jamais enseigné auparavant.
J’ai vu de mes yeux des orientations d’élèves vers des structures à sigles barbares, pour le bien de l’enfant. Non, nous ne pouvons pas changer cela du jour au lendemain: nos propres enfants ne vont pas bénéficier des avances qui pourraient être faites en ce domaine.
Après nous être mis en relation avec des spécialistes de la pédagogie et des chercheurs en sciences cognitives, nous avons constitué une équipe de professionnels capables de prendre en charge et d'accompagner ces élèves en difficultés, car « Parallaxes » veut dire en grec qu’il faut se positionner à plusieurs angles pour disposer d'une vue globale du corps céleste observé ... .
"Il n'y a pas de méthode unique pour étudier les choses" disait Aristote en son temps, mais chaque enfant, chaque éleve, chaque être humain est unique, alors nous souhaitons vous proposer des prises en charge méthodologiques individualisées, qui avec le temps pourraient devenir des solutions pour chacun.
Nous avons beaucoup à apprendre encore, beaucoup à faire : Avec vous parents, jeunes et professionnels qui souhaiteraient nous rejoindre, dans le respect de l'esprit de l'association.
Bien à vous.